Attente d'un nouveau pensionnaire [PV : Shun]

Ses affaires déjà pliées, ordonnées et rangées soigneusement dans une de ses valises, Shun commençait à faire les cent pas dans le hall de ce que l'on pourrait appeller "sa maison". Il attendait le propriétaire respectif de cette demeure, qui lui n'était toujours pas rentré de ses affaires. Commençant à perdre patience, il ne put attendre plus longtemps ici à sortir un chapelet de jurons, afin de lui rendre la clé et ainsi lui faire ses adieux. Il prit donc un papier négligemment posé sur la table basse et chercha à tatôn de quoi écrire parmi les différents documents éparpillés qui laissaient à peine paraître la table.

[...] Je ne peux attendre plus longtemps car l'on m'y attend, c'est pourquoi je vous écris ces quelques mots en vous quittant là-dessus. Un simple merci ne suffirait pas à ce que vous avez fait pour moi et n'étant pas très doué pour les "au revoir" je crois qu'il est préférable que je parte ainsi. Avec tout mon respect, Shun.

Il hésita avant de laisser la lettre telle qu'elle est mais fut bien vite rappeller à l'ordre par le cadran de l'horloge qui indiquait qu'il fallait partir tout de suite. Prenant ses clics et ses clacs, il regarda pour la dernière fois ce qui avait été son refuge, claqua la porte derrière lui en prenant soin de la fermer à clé, la laissant sous le paillasson.
Voilà bien plusieurs longues minutes qui paraissaient comme une éternité, ou peut-être même des heures qu'il marchait, valise en main. De temps à autre, il demandait tout de même son chemin à quelques bons gens qui passaient par là et enfin, il put l'appercevoir: La pension Hinata!
Passant une main sur son front moite, il poussa un long soupir de soulagement et esquissa un sourire nerveux.D'un pas assuré, il fit donc ses premiers pas en direction de la porte d'entrée. Cependant, ce n'en était pas fini, et les marches d'escaliers à gravir ne l'aidaient pas! Trainant des pieds, un peu épuisé du long trajet effectué, sa respiration était saccadée. Il s'arrêta donc en haut des marches tout en essayant de reprendre sa respiration. Or ce qui l'étonna, ce fut une jeune femme se pressant à lui apporter un verre d'eau. Un peu sceptique, il accepta sans regret cette offre généreuse et but d'un trait l'eau rafraîchissante. Il lui adressa un signe de tête en guise de remerciement accompagné d'un sourire un peu crispé, qui laissait paraître son épuisement.

"-Bonjour...Je m'appelle Shun, j'ai appelé tout à l'heure pour prévenir de mon arrivée...Je ne dérange pas j'espère?"

dit-il en faisant attention de ne pas trop articuler, ce qui pourrait peut-être le trahir. Il posa aussi sa valise à terre, afin de se dégourdir les doigts en fermant et ouvrant la main discrètement.

Un sourire très agréable au regard lui fut adressé avant de lui adresser également la parole, d'une voix très basse. Il se demanda un instant pourquoi mais ce n'était pas d'une quelconque importance, et ce qu'elle lui dit le fit légèrement sourire. Il se massa la nuque un instant en écoutant ce qu'elle avait à dire et finit par dire un "merci" d'un ton assez audible pour elle. Il lui tendit une main en lui disant:

"-Ravi de vous rencontrer..."

Après une poignée de main furtive, il ne se fit pas prier pour la suivre dans le hall, où il devait pour toute formalité commencer à remplir des papiers. Quoi de plus normal pour une pension qui accueille un nouvel arrivant. Il se surprit à observer chaque geste que faisait Motoko, mais comprit ensuite pourquoi. Il n'avait pas l'habitude de voir une personne s'occuper de lui ainsi, traité comme cela il se sentait comme en "supériorité", or il ne valait pas mieux que quelqu'un d'autre, au contraire... Il s'assit donc, et lorsqu'il la vit sortir de l'argent pour lui afin de lui proposer des petits encas qu'il ne put refuser, les posant alors sur la table de chevet en la remerciant. Il en prit un au passage mais ne toucha pas au jus de fruit qu'elle lui proposait également, n'ayant plus soif dû à l'eau. Puis soudainement il se mit à chercher dans la poche de son jean, non pas sans peine d'ailleurs, et en sortit de la monnaie qu'il déposa sur la table .

"-Tenez.Je m'en voudrai de ne pas vous rembourser tout ça."

dit-il d'un air un tantinet gêné et d'un sourire nerveux. On pourrait même croire qu'il ne savait pas sourire, dû au nombre incalculable de fois où son sourire était déformé. Il se trouvait bêta ainsi et reprit donc son sérieux aussitôt. Après avoir récupéré assez de force il commença à se détendre et dit en l'intention de Motoko.

"-J'ai quelques papiers à remplir apparement...?"